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Les effets néfastes du chômage
Dans tous les pays, les épisodes de chômage ont des effets négatifs de long terme sur le bien-être psychologique.


(Mars 2020) Les chercheurs en matière de santé, d'économie et de politiques sociales s'intéressent de plus en plus aux conditions de vie contemporaines vues sous l’angle de la théorie du cycle de vie. Conformément à cette approche, les auteurs de l'étude (référence en bas de page) décrivent un effet "traumatisant" du chômage involontaire, car celui-ci affecte les individus sur une longue période de temps, et ce même après qu'ils aient trouvé un nouvel emploi. Cela confirme les recherches antérieures qui ont établi la façon dont le chômage affecte négativement le bien-être psychologique puisqu'il peut entraîner une mauvaise santé mentale et une réduction de la satisfaction de vie en raison de l'isolement et de la privation sociale. En utilisant les données de l’enquête SHARE, les auteurs complètent la recherche actuelle sur les effets psychologiques du chômage en offrant une perspective transnationale.

Des données individuelles sur l’historique de santé et de carrière des Européens

Les auteurs analysent les données de SHARE qui comprennent des informations individuelles sur la santé physique et mentale ainsi que sur l’historique de carrière des personnes interrogées. Ils se focalisent sur 14 pays européens participants à SHARE et établissent un lien entre les conditions socioéconomiques des répondants et leur santé mentale déclarée d’une part et les taux de chômage à l'échelle européenne pour la période 2008-2014 d’autre part. Les chercheurs ont exclu les retraités pour se focaliser sur les personnes actives sur le marché du travail et âgées de moins de 75 ans, ce qui donne un échantillon de près de 10 000 répondants.

Afin d'évaluer le bien-être des répondants, SHARE prend en considération trois dimensions : les symptômes de dépression (par exemple concernant l'irritabilité, la fatigue, ou la colère), l’évaluation subjective de la qualité de vie (pensées et sentiments notamment liés à l’épanouissement personnel, au bonheur et à l’autodétermination) et de la satisfaction à l’égard de sa vie.

Prise en compte des caractéristiques propres à chaque pays

Les chercheurs ont tenu compte de facteurs individuels qui peuvent éventuellement influencer l’accumulation des épisodes de chômage et par conséquent brouiller les résultats, tels que le sexe, l'état civil, le revenu mensuel du ménage, la situation professionnelle actuelle, l'âge, le nombre d'enfants, le niveau d'éducation, l’état de santé pendant l'enfance et le statut socio-économique des parents.

En outre, les spécificités nationales, telles que les taux de remplacement de l’allocation de chômage et les taux de chômage harmonisés, ont été prises en compte afin de déterminer si cet effet traumatique du chômage est potentiellement atténué par les systèmes nationaux de protection sociale et les réglementations du marché du travail.

Le chômage a un effet négatif sur la santé mentale

L'étude révèle que chaque période de six mois passés au chômage entraîne une diminution de la qualité de vie et de la satisfaction de vie après 50 ans. Ce résultat fait écho aux analyses effectuées par pays et va au-delà des recherches existantes pour démontrer que ces associations sont flagrantes à un niveau plus large. Ainsi, les auteurs concluent que le chômage est susceptible d'avoir des effets psychologiquement préjudiciables à long terme.

L'effet de traumatisme engendré par le chômage est un phénomène vaste et international

L'étude représente la première démonstration que l’effet potentiellement traumatique du chômage est un phénomène large et international qui agit sur le long terme. Les adversités économiques, telles qu'une forte hausse du chômage, pourraient avoir un impact profond sur le bien-être individuel, non seulement à court terme, mais également dans une perspective de long terme, une fois les expériences de chômage accumulées. Conformément au concept de traumatisme, les conséquences négatives subsistent même si les personnes interrogées ont eu la possibilité de "guérir" dans leur vie professionnelle après être passé par le chômage. La compréhension de cet effet général de long terme du chômage sur le bien-être futur est une étape importante à franchir pour alimenter le débat public et recommander des mesures politiques visant à protéger les individus des conséquences négatives durables du chômage sur le bien-être.

Étude réalisée par Victoria Mousteri, Michael Daly et Liam Delaney (2019): The scarring effect of unemployment on psychological well-being across Europe. Social Science Research 72: 146-169.

URL: https://doi.org/10.1016/j.ssresearch.2018.01.007

Cet article a été traduit de l'anglais au français. Cliquez ICI pour le lire en version originale.

Photo : Unsplash / Nuno Alberto